Un personnage ça se dessine. Deux, ça fait toute une histoire ! Contrairement à Balzac, Simenon disait avoir du mal à animer plus de deux personnages simultanément pour bâtir une histoire. L’important est de les nuancer, de leur communiquer des émotions, de faire en sorte qu’ils touchent les lecteurs et de faire avancer l’histoire en les confrontant. Sans jamais oublier de les faire évoluer au fil de l’intrigue...
Et pourquoi ne pas donner quelques nouvelles aventures à Arsène Lupin? Les exploits du gentleman cambrioleur sont désormais dans le domaine public. Ne soyons pas timides. Donnons de nouvelles aventures à ce cher Lupin. Une pincée de suspense, un zeste de galanterie, une bonne dose d’humour seront essentiels pour prendre rang à la suite des pasticheurs comme Boileau et Narcejac (La Justice d’Arsène Lupin, le Serment d’Arsène Lupin...) ou les académiciens Michel Zink (Le mystère d’Arsonval) et Adrien Goetz (La Nouvelle Vie d’Arsène Lupin)
Écrire la peur avec Stevenson, James et Maupassant. Pas besoin de maison hantée ou de forêt obscure pour instiller la peur dans un récit, l’angoisse de la narratrice arpentant seule une rue nocturne suffit. Des pas non identifiés à l’étage d’une maison vide... Pas besoin non plus de vocabulaire savant. Des sons, des odeurs simplement décrits, un récit rythmé, des surprises, feront dresser à vos lecteurs les cheveux sur la tête.
C’est ce qu’enseignent les récits de Stevenson, Henry James, Maupassant...
Bluette, récit d’amourette ou Dark romance? Les bons sentiments font les bonnes histoires s’ils ne sont pas trop sucrés. Que l’on raconte une idylle nouée au soleil couchant un soir de printemps ou une histoire plus épicée de jalousie, avec vengeance et turpitudes... L’important est de ménager le suspense, de crédibiliser les personnages par des conflits avant que l’amour ne triomphe. Tisser une Dark Romance amène à explorer les recoins obscurs de l’âme avec des personnages complexes, ambigus et attachants.
Dis-moi, Achille, c’était comment ton épopée avec la bande à Hector ? Trop cool ! Les aventures d’Achille, de Patrocle, du rusé Ulysse et de toute la bande cachée dans le Cheval de Troie, ont servi de banque de personnages et de péripéties, aux auteurs de sagas. A vous aujourd’hui de vous en emparer en faisant plus bref. Merci ! En essayant aussi de transposer l’esprit et le langage de l’épopée dans des milieux contemporains.
Ca donnerait quoi au fait une petite guerre des gangs où Hector, Priam, Hélène et les autres useraient de la ruse et abuseraient des grands sentiments?
Haiku, l’esprit du Japon (et même de la Bretagne) en quelques syllabes. Averse printanière/des gouttes suintent par le toit/là où s’étaient nichées les guêpes. Traduit en français, le haiku dépasse de quelques syllabes l’original nippon qui obéit au rapport 5/7/5. L’important est d’en saisir l’esprit et de traduire en mots-images ce que les sensations dictent. On s’essaiera aussi à la concision qui fait la qualité du poème nippon.
Ce sont des horreurs ce que tu écris! Oui, justement! Personne n’a jamais reproché à Stephen King d’écrire des horreurs et de semer l’effroi par l’écrit. Rien n’empêche de se lancer sur ses traces pour hanter une gare abandonnée, une usine désaffectée, train en rade, une nuit aux halles de Dol, un bateau déserté dans un bassin malouin, donner des instincts meurtriers à une vieille 4L et s’amuser à créer des univers relevant du fantasmagorique. Mais pas besoin de faire long. La bonne horreur est une affaire de choix d’images et de mots. Servir saignant avec un doigt de suspens
Un zeste de fiction, un fond de réel, c’est ça le récit historique. Dumas n’oserait plus écrire aujourd’hui qu’«On peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants» Trop peur de se faire crucifier par Sandrine Rousseau! Mais Nicolas Le Floc’h, commissaire de police au temps de Louis XV, fait partie des réussites du récit historique qui mélange fiction et réalité à doses variables. Reste à savoir quelle période vous convient le mieux pour loger vos héroïnes. Au fait, de quel point de vue raconteriez-vous Ces messieurs de Saint-Malo ou Ces Dames de la Vicomté. On essaie?
Pourquoi voulez-vous faire rire? C’est vraiment drôle! Comment bâtir un monologue coq-à-l’âne ou une scène comique, dessiner des personnages dont la confrontation fera rire... Comment jouer avec les mots sans en faire des tonnes... «Ça vous gratouille ou ça vous chatouille?» Etre drôle, ça s’apprend, comme jouer avec les contrastes des personnages, de leurs tics, de leurs tirades pour bâtir une scène humoristique
Et si on construisait un univers parallèle avec des zeppelins et des vélos volants? Si le réel vous ennuie, rien ne nous empêche de construire un univers parallèle. Les vélos y feraient voler des humains améliorés. Des dirigeables gagneraient New York en quelques étapes, avec à bord des héroïnes romantiques, décidées à réformer la planète. Le charme de la rétro-science-fiction vient de ce qu’elle s’autorise à écrire des histoires alternatives avec les moyens datant de Jules Verne et de Nemo, tout en donnant libre cours à l’imagination.
L’autofiction? Ce ne serait pas avec ça qu’on attrape le Nobel? Si, si ! Alors je fais comment? Très simple vous racontez votre vie chez vos parents épiciers à Meaux, Meulan, Bain de Bretagne sans omettre le moindre détail. Vous décrivez la manière selon laquelle on grille les châtaignes, l’enterrement de la voisine, le mariage de sa fille, une aventure furtive. «La fiction c’est la forme, ce n’est pas l’invention» affirme Annie Ernaux. On va s’y essayer comme elle, en usant de mots simples, de phrases sans détours pour dire le quotidien.
Toute histoire est affaire de point de vue ! Qui a tué le clochard? Est-ce le voyou qui s’accuse du meurtre? L’ex-femme du vagabond qui voulait se venger? Mais pas du tout, explique un passant : «J’ai tout vu, c’est la ...
Toute histoire est affaire du point de vue selon lequel on voit les faits. On s’amusera donc à bâtir et à rendre plausible une demi-douzaine de versions d’un même fait toutes aussi vraisemblables.
Et personne n’a parlé de mentir, même si...